09 : Ma rencontre avec Dr H. - si courte mais intense
1/01/2009
Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan
Le vendredi était vite arrivé
Entre temps tout Paris avait été bloqué par une partie de cette masse salariale et gueularde, qui chaque année â la même période gronde son mécontentement â coups de piquets de grèves. Les cheminots et les conducteurs de métro sétaient mis â coeur de geler la circulation des transports en communs des le mardi soir. Il y avait ce jour la encore de très fortes perturbations, javais rendez-vous â 17h et métais arrangé pour finir â 15h45. Une heure 15 pour aller du nord â la partie sud de Paris cela pouvait sembler plus que suffisant, mais en temps de grève la notion de temps est élastique et déformable. Javais tout de même réussi â arriver â lheure. Sous le coup des nombreuses annulations consécutives â la grève la salle dattente était vide la secrétaire qui mavait accueilli sen été plainte quelque peu avant de minviter â minstaller. Dailleurs qui aurait voulu se risquer dans le dédalle Parisien si ce nétait par nécessité absolue.
Entre le lundi et le vendredi depuis ses entrailles, la ville avait opéré une véritable métamorphose. Lambiance était passée détincelante â électrique, ça tournait au pugilat dans les transports. Sur le trajet qui memmenait au cabinet ce soir-lâ , il y avait eu 6 bagarres en lespace de 10 stations. Les papas et les mamans jouaient des coudes et des poings comme leurs racailleuses progénitures, pour tenter de rentrer éreintés et les yeux rougis de fatigue et de colère dans leurs banlieues glauques quils quitteront le lendemain matin 5h tapante. Les bobos et les métrosexuels se cramponnaient â leurs suit cases dune main et de lautre séchangeaient des révérences dinsultes ponctuées dérections dindex et de majeurs, mais attention toujours avec classe, en gardant le majestueux double noeud de leurs cravates Atelier F&B toujours bien monté. De lumineuse Paname était devenu Billère, lattitude des gens relevait de lincivilité la plus totale comme le témoignait cette scène â laquelle javais assisté en essayant de rentrer après le rendez-vous avec Hantouche.
Larrivée inespérée dune rame avait entraîné un mouvement de foule. Sous la pression et la bousculade, une femme trébucha et saffala en mouvement saccadé sur le quai sur peuplé dune foule compacte mais assez courtois pour lui laisser assez de place pour quelle puisse saplatir sur le sol. La masse excédée et surexcitée derrière elle avait bondi â louverture des portes dun métro déjâ bondé â dégueuler en la piétinant malgré ses pleurs et ses cris de douleur. Une âme encore humaine et charitable a tout de même réussi â la relever sous lindifférence de ceux qui tentaient dultimes poussés pour â la fermeture des portes finir compacté au mieux cul contre cul et joue contre vitre. La boîte â sardine sur odorante â fini par démarrer sous les hués des trop nombreux laissés pour comptes, condamnés â vivre la même anarchie après une longue et frustrante attente de 20 â 30 minutes. Elle était encore lâ lorsque je décidais de jeter léponge et me dirigeais vers la sortie pour une longue marche. Assise contre le mur, entourée par le jeune homme qui lavait secouru et sa copine, elle tamponnait un kleenex rougissant sur la surface de peau dévoilée par laccro de ses bas autour de son genou meurtri. Dune voix sanglotant et rageuse â la fois, elle cria ? tous des sauvages, ils ont tous perdu lesprit? ?.
Oui certainement, dailleurs naillant pas participé activement â son agression mon esprit nen été pas moins perdu, resté comme en suspension dans mes pensées.
Jétais un peu dérouté par ma première consultation, tous sétait passé trop vite, jai trouvé ça si court mais tellement intense. â?tant le seul présent dans la salle dattente, Dr Hantouche me pris presque immédiatement, je nai guère eu le temps ce jour lâ de profité du confort des canapés de cuir noir ? mais jaurai depuis largement eu loccasion de my prélasser ?. Il a lu rapidement le rapport que les 2 psychologues avaient rédigé après men avoir tendu un exemplaire. Jai exposé très douloureusement mes antécédents les plus proches et plus brièvement mes épisodes un peu plus sporadiques et anciens.
?? combien de psychologues ou de psychiatres avez-vous vu ?..."
"avez-vous déjâ été interné ?"
"... combien de temps ?
"? combien de traitements ?... ?
Il marqua un léger temps darrêt alors quil survolait de nouveau le condensé de cette longue heure de questionnaire de début de semaine :
? Hum !!! Je vois? Instabilité de lhumeur ; passage de moments deuphorie extrême ou sujet aux crises dangoisses? hallucinations? dépressions? ? quels ont été les effets des AD lorsque vous en preniez ?... tendance aux addictions,? vous aviez également une comorbidité alcoolique? usage de drogue, pensées suicidaires ? peu destime de soi, inhibitions et déviances épisodiques? Hum !!! Depuis combien de temps estimez-vous que cet état perdure ? ? avez-vous remarqué une certaine cyclicité ? Aucun de vos précédents médecins navait envisagé un cas de Bipolarité ?
Car manifestement vous présentez des symptômes bipolaires, de quel type on verra plus tard au cours du suivi que je vous propose avec notre psychologue en TCC, si vous le désirez uniquement ; Mais je vous le conseille, car ce type de trouble, de maladie nayons pas peur des mots car il sagit bien lâ dune maladie qui doit se traiter sur 3 fronts :
- Le premier : je lappellerai le parachute biochimique. Cest sur celui-ci que jinterviendrai, nous allons entreprendre ensemble une offensive afin de trouver avec laide de différentes combinaisons de médicaments, un équilibre, une certaine stabilité de vos humeurs. Jappelle ça une bataille car nous allons essayer plusieurs stratégies. Il ny a pas de potion miracle et immédiate. Certains réagissent relativement bien â certaines molécules ou dosages dautres beaucoup moins, le tout est de savoir quil y a toujours des options alternatives, des possibilités de combinaisons différentes et de très bons résultats. Nous nous verrons régulièrement car ça demande un très grand suivi, vous aurez des prises de sang régulières pour tracer et monitorer votre adaptation aux traitements. Tels sera mon rôle majeur dans notre collaboration en plus de lécoute, de linformation ainsi que des bilans.
- Je nommerai le deuxième front le ciment thérapeutique.