Intérêt de la remédiation cognitive chez les enfants bipolaires
2/07/2013
Auteur : Mme Majdalani
Bipo / Cyclo > Bipolarité infanto-juvénile > Soigner et comprendre les jeunes bipolaires
Importance de la prise en charge émotionnelle des jeunes bipolaires
Dans le traitement de la bipolarité juvénile, la psychothérapie joue un rôle primordial dans la stabilisation thymique et dans la gestion des émotions au quotidien.
Elle améliore lʼidentification et la régulation émotionnelle. Elle est parfois accompagnée, quand cela est nécessaire, dʼun traitement pharmacologique, qui en plus de contribuer à lʼhoméostasie de la vie affective globale, peut avoir des répercussions positives sur certaines fonctions cognitives comme par exemple, la mémoire verbale et la mémoire de travail.
Les thérapies ont pour objectif dʼobtenir une stabilisation du fonctionnement global des jeunes dans les différents secteurs de leurs vies. Cependant, les difficultés cognitives ne semblent pas visées de manière directe, notamment quand elles sont subsidiaires au trouble. Ainsi, cibler les difficultés cognitives chez les jeunes présentant des dysrégulations émotionnelles représente un manque dans leur prise en charge, notamment pour remédier à lʼéchec scolaire mais également pour le prévenir.
La remédiation cognitive pourrait ainsi également jouer un rôle prophylactique dans lʼinsertion ultérieure dans la société, favorisant notamment lʼaccès aux études supérieures mais également permettant de mieux sʼadapter aux différents changements inhérents au monde du travail, aboutissant ainsi à une meilleure intégration professionnelle.
La flexibilité comme atout dans la bipolarité
Si nous identifions ces difficultés de manière précoce, nous augmenterions les chances de ces jeunes de sʼadapter à une vie socioprofessionnelle de plus en plus difficile sélective et exigeante et de sʼintégrer au monde dʼaujourdʼhui dont les paradigmes sont en plein changement.
Il faut savoir que les fonctions cognitives jouent un rôle primordial dans notre capacité dʼadaptation à un contexte donné notamment à un nouveau, à travers un comportement flexible. Ce sont des processus cognitifs qui nous permettent dʼanticiper, de planifier, dʼorganiser, de raisonner logiquement, de faire preuve de flexibilité, de résoudre un problème, de se concentrer, de mémoriser etc. mais également de fixer un objectif et de construire des stratégies pour lʼatteindre, en imaginant les conséquences possibles et en évaluant les différents choix éventuels.
Très peu de données existent chez les enfants, mais dans le trouble bipolaire adulte, un patient sur 3 présente, en dehors des accès thymiques, des troubles cognitifs résiduels.
Lʼidentification dʼun profil cognitif chez les enfants bipolaires pourrait permettre de répertorier les difficultés cognitives qui lui sont inhérentes et ultérieurement de proposer un programme de remédiation qui puisse cibler les difficultés rencontrées, en élaborant un entraînement cognitif spécifiquement adapté au déficit : mémoire verbale, mémoire et attention visuo-spatiales, mémoire de travail, attention sélective, flexibilité.
De plus, il pourrait intégrer un ou plusieurs modules portant sur la cognition sociale dont le rôle est de plus en plus mis en évidence dans la réussite scolaire ainsi que dans la qualité des relations que lʼenfant entretient avec les autres.
Des études récentes montrent que les habiletés sociocognitives, semblent avoir une incidence sur les performances scolaires, la compréhension, la description et lʼanticipation des comportements de soi et de lʼautre. Avec des lacunes au niveau de la cognition sociale, on note une transition vers lʼécole plus difficile, des réactions à des parents autoritaires plus violentes et des difficultés à lʼécole qui pourraient être considérées à tort comme des problèmes dʼordre comportemental (comme le manque de respect envers les enseignants par exemple). Ainsi, on permettrait à lʼenfant de contrebalancer ses difficultés, à travers des apprentissages précoces, spécifiques et ciblés, lui permettant un développement moins problématique qui entraînerait ipso facto une diminution des renforçateurs émotionnels négatifs.
Références
