18 : en mal damour
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Je me demande pourquoi j’essaie désespérément d’oublier que je suis seule ?
Autant accepter l’évidence et souffrir en silence. Car maintenant il est clair que même en étant entourée, je me sens toujours aussi seule. La seule personne qui peut me faire oublier ma déchéance c’est Jacopo et il me fuit.
Vais-je retrouver le chemin ?
Vais-je réussir â retrouver Jacopo ?
J’ai un grand désir soudain de maternité. Je connais cette angoisse, c’est un fantasme.
Autant se faire â l’idée, autant accepter que ma vie ne dépende que de lui.
Pour l’instant.
Je trouve une raison d’être quand je suis en sa compagnie. Je redécouvre mes sens avec lui. Je sens, je vois, je goûte, je touche, j’entends mieux auprès de lui. Ces moments sont sûrement si bons parce qu’ils sont rares.
Quand j’ai un gros bouton sur la gueule qui pullule de bactéries, je ne peux pas m’empêcher de le percer. Qu’est-ce que ce serait pratique si je pouvais faire pareil avec mon corps. Faire sortir la couche de merde qui m’empêche d’être bien.
J’ai volé du maquillage chez Body Shop. J’aime bien de temps en temps me payer une petite crise d’adrénaline comme ça.
Je ne peux pas m’empêcher d’envoyer des missiles â Jacopo. Je sais combien cela ne me rend pas service et ne fait qu’empirer les choses, mais j’ai l’impression que c’est ma façon de répondre â la souffrance qu’il me fait endurer. C’est assez stupide de dire cela car je sais qu’il ne le fait pas exprès. Mais parfois, comme pour envenimer les choses, pour qu’il s’éloigne encore plus, je le provoque. Après je pleure….Va comprendre.
Je crois que j’aime tellement lui courir après que quand il se rapproche, il faut que je foute la merde pour mieux le rattraper ensuite. Je suis trop habituée â ce cas de figure.
Je suis incapable de profiter des petites choses de la vie, moi ça m’emmerde, le ciel bleu, les oiseaux qui gazouillent, tout ça. Moi, j’aime l’hiver parce qu’au moins j’ai un prétexte pour rester chez moi. J’aime les longues nuits d’hiver, celle où je me sens en sécurité sous ma couette.
J’aime bien quand il pleut aussi, que j’entends la pluie cogner sur mon toit.
J’ai un bijou de chez Tiffany. Un vrai cadeau. Un trésor que je sors rarement. J’adore le film avec Audrey Hepburn. Souvenir d’un soir avec Jacopo.
J’ai pas de personnalité, je suis un caméléon.
Le rock je l’aime parce que Jacopo l’aime. Tout ce qu’il aime, je l’aime. C’est pour ça que j’ai aimé son ex.
Je suis timbrée.
Trois longs mois d’absence... « ça va nous faire du bien » a-t-il prétendu…
Je suis pas sûre que ça m’ai fait du bien. J’appréhende de le revoir. Je voudrais tellement qu’on entame un nouveau chapitre ensemble… J’ai peur de continuer â glisser sur une pente pas très souhaitable.
En même temps, j’ai tellement peur de ne plus connaître cette situation ambiguë. Car c’est tout ce que j’ai. S’il ne me donne plus de câlins, qu’est-ce que je vais devenir ? J’ai tellement besoin de ses câlins.
Les journées sont longues, mon mal de ventre, cette espèce de crabe qui me pince les entrailles me rappelle que je ne suis toujours pas sortie de l’auberge.
If I ever feel better grésille dans mon MP3…
Je me suis regardée dans le reflet des vitres du RER et je n’ai vu que mon corps, impossible de distinguer ma tête. Je me suis fait l’effet d’un tronc sans âme.
Je ne supporte pas le quotidien de mon job actuel. Je me mets sur pilote automatique chaque matin avant de partir travailler.
Je sais que j’ai évoqué ma crainte d’avoir une relation « normale » avec Jacopo parce que j’aurais trop peur de la perdre, mais en fait la vraie raison : c’est cette hantise du quotidien.
Depuis quelque temps, je croise une maman avec son enfant dans ma rue, difficile de dire si c’est une fille ou un garçon, tellement son handicap lui tord le corps. Il ou elle marche courbé, harponné â sa mère. En les voyant, je me dis qu’ il faut que j’arrive â relativiser mon mal être. C’est trop horrible. Si un jour je finissais comme ça ?
J’aimerais avoir le courage de sortir le soir et de ne pas avoir envie cinq minutes après de rentrer chez moi pour me retrouver seule.