04 : Il y avait entre moi et moi-même, deux visages pour deux images
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan
Javais limpression de tourner en rond, dêtre impuissant et complètement dépassé.
? Mon haine-amie ? intime était maligne et perfide et même si aujourdhui je suis quitte avec ses invitations â la beuverie, javais eu parfois du mal â retenir ses envies de me tirer vers le bas lorsquelle élaborait dans ma tête des scénarii morbides. Il était dur alors de ne pas me laisser glisser, et pour garder un peu de contenance sobre, jai persisté â gribouiller mes pensées et â lâcher mes sentiments pour trouver dans lécriture cet exutoire nécessaire qui me permettait dévacuer les sécrétions de ma conscience. De manière ponctuelle, elle tarissait la flamme et faisait du bien. Mes ces dialogues restaient toutefois difficiles, capricieux.
Certains soirs le flot des mots déferlaient avec la fougue dun tourment sauvage et indomptable, par opposition, certaines nuits la mer était obscurément plate. Animé daucune bride de volonté, je maffalais, mankylosais jusquâ sombrer dans un semi mutisme. Il marrivait de passer des week-ends sans ouvrir une seule fois la bouche. Entre le ? bon week-end ? tièdes des Vendredi et le ? Bonjour ? des Lundis matin grognons, mes heures, minutes, secondes ségrainaient â linfini, en longues ruminations. Ou cela avait-il irrémédiablement dérapé ? Je relisais quelques fois ce que javais écrit et une envie furieuse de tout effacer menvahissait systématiquement, persuadé que tout ceci était bien vain. Que ce nétait ni plus ni moins que le dégueuli dun cerveau malade et rongé de remords. Jai fini néanmoins par voir derrières ces quelques lignes, lengrenage dun mécanisme de lutte. Une lente excrétion pour pouvoir enfin expier ma lâcheté.
Il mavait manqué de combativité et de courage. Navais-je été en fait quun hypocrite, un paranoâ?aque, Schizophrène, pathétique Alcoolique ? Le jugement que javais de moi vrillait comme une girouette folle sous une multitude dincompréhensions et inlassablement il musait. Même si je ne me résignais pas il marrivait davoir peur notamment lorsque je me retournais et me remémorais ce qui cétait passé, et cette sempiternelle question qui me taraudait, ? Ou diable cela avait-il ripé ? ? Une seule certitude restait et restera â jamais, javais â mes côté la femme la plus remarquable et la plus adorable quun homme puisse oser espérer.
Je nai de toute ma vie rencontrée une personne telle que toi et je doute quon soit ainsi privilégié deux fois par lamour. ? Alors, pourquoi tout gâcher ? ? Non je navais aucune raison, rien de visible en apparence. Mais je sais bien que les apparences sont des murs de fumées. A tes côtés je faisais fort et grand, javais aux yeux des gens limage un garçon toujours de bonne humeur, solide du haut de ses 1,80, tel un rock de certitude, apaisant car bien ancré. Alors que lorsque tu nétais pas lâ , jétais en fait pâle â lintérieur parfois transparent, un monticule de paille qui sembrasait â la moindre étincelle. Ma tête était une demeure qui renfermait un esprit mité par les doutes et les angoisses. Mon aspect avait la brillance dun vernis qui maquillait le toc du contenu et la manière dont les autres mappréhendaient nétait que le reflet dun miroir sans tain. Mon pas navait rien dassuré il est plutôt gauche, comme en équilibre précaire sur le fil dun rasoir effilé â la ponce de mon auto dépréciation.
Je me sentais assez pitoyable. Une chanson qui passait régulièrement â la radio â lépoque avait pour refrain :
Y a lhomme que lon aime,
Lautre quon ne comprend pas,
Si les deux sont le même,
Alors lequel nous restera,
Y a lhomme que lon aime,
Lautre qui ne saime pas,
Qui sendort sur ses problèmes,
Trop fier nen parle pas,
Je ne sais pas, je ne sais plus,
Et deux visages pour deux images
Je ne sais pas, je ne sais plus,
Comment te reconnaître quand tu reviendras.
Je lai fredonné pareille â un mantra, songé jusquâ maturation. Dans létat desprit dans lequel je me trouvais, ces paroles vibraient tel un leitmotiv sur ma propre dualité. Elles dessinaient et creusaient encore plus profondément les scissures entre celui que je pensais être et celui que ces derniers événements auront révélé. Il y avait effectivement lhomme que lon aimait, doux et aimant, qui trouvait son plaisir dans celui quil donnait, heureux, joyeux luron fragile â la fois en proie aux doutes et aux passions, rêveur parfois. Et il y avait lautre, le ténébreux Caâ?n quon ne comprenait pas, qui convulsait dobscénités comme le ferait un épileptique en crise. Dépravé et déroutant. Engagé conscient ou insensé dans des courses folles vers lusure de son corps en enchaînant les comas éthyliques comme autant de morts passagères ponctuées de brides de brèves réalités comme des flash-backs cauchemardesques.
Il y avait entre Moi et Moi-Même, Deux Visages pour Deux Images