Bipolarité et TDAH : troubles si proches mais distincts
2/07/2013
Auteur : Mme Majdalani
Bipo / Cyclo > Bipolarité infanto-juvénile > Diagnostic
Les différences cliniques entre bipolarité et TDAH
Si certains des symptômes qui caractérisent ces deux troubles se superposent, dʼautres les différencient. Il existe ainsi des différences cliniques entre la bipolarité juvénile et le TDAH chez lʼenfant :
Le TDAH est un trouble développemental spécifique qui se décline en plusieurs déficits dans différentes fonctions : lʼinhibition comportementale, le maintien de lʼattention ainsi que la résistance à la distraction et la régulation de lʼactivité personnelle par rapport à une situation (hyperactivité ou agitation).
Lʼenfant présentant un TDAH, peut par exemple, de manière permanente (et non seulement de manière épisodique) :
La bipolarité juvénile est un trouble de lʼhumeur, à lʼorigine de fluctuations sévères au niveau de lʼhumeur, de lʼénergie, de la pensée et du comportement. Un enfant présentant une BJP, peut être hypersensible, hyperréactif, hypersensoriel, voire impulsif. Il peut :
Les différences entree bipolarité et TDAH au niveau cérébral
Les circuits cérébraux impliquées dans le TDAH et la BPJ ne sont pas tout à fait les mêmes, même si certaines similitudes pourraient être rétorquées.
Prenons lʼexemple de lʼimpulsivité, qui pourrait être un symptôme commun aux deux troubles. Même si on la retrouve dans les deux pathologies, elle nʼest pas liée aux mêmes régions cérébrales.
Chez les BPJ, il y a une composante émotionnelle, que lʼon ne retrouve pas chez les TDAH. De même, la recherche de la récompense est plus émotionnelle chez les BPJ et plus cognitive chez les TDAH.
Dans la BPJ, cʼest la composante ʼrégulation de lʼaffectʼ qui est touchée et qui provoque un court circuit ʼpensée-planificationʼ. Dans la BPJ, ce sont donc principalement lʼamygdale (siège des émotions) et les circuits qui y passent (circuits spécialisés en quelque sorte dans la fonction ʼPensée/Emotionʼ), qui dysfonctionnent en premier, entraînant parfois des troubles secondaires dans les fonctions de lʼapprentissage.
Quant aux perturbations identifiées dans le TDAH, elles concernent notamment le cortex préfrontal et les circuits plus spécialisés dans ʼlʼAttention/Penséeʼ.
Pour aller un peu plus loin, prenons en exemple cette expérience.
On expose des enfants présentant des symptômes communs à la BPJ et au TDAH, à "lʼémotion", en leur présentant des visages énervés et des visages contents.
Les deux groupes présentent une moindre activation dans certaines zones préfrontales comme le cortex cingulaire antérieur. Cependant, la différence se situe notamment avec les contrôles dans les zones cérébrales qui gèrent lʼattention et la mémoire de travail.
Cependant, face à une tâche qui déclenche la frustration, le dysfonctionnement au niveau du cortex préfrontal est plus marqué chez les patients BPJ que chez les patients avec TDAH. Il lʼest encore plus lors dʼune exposition à un matériel très chargé en émotion.
Ainsi, cʼest le cortex préfrontal qui est touché dans les deux pathologies. En revanche, il ne lʼest pas de la même manière.
En bref, dans la BPJ, en plus du caractère cyclique de lʼensemble de la symptomatologie notamment en début de trouble, les réactions émotionnelles sont primaires, plus longues, plus disproportionnées, directement en lien avec la régulation et le contrôle émotionnel. Lʼaltération des fonctions cognitives serait secondaire.
De plus, généralement, lʼamélioration thymique entraîne lʼamélioration des fonctions cognitives (données obtenues chez lʼadulte).
En revanche, sachant que la BPJ est un trouble sérieux, avec des incidences significatives sur le développement de lʼenfant aux niveaux pédiatrique, émotionnel, cognitif et psychosocial, lʼimpact développemental peut être profond et multidimensionnel, entravant le développement cognitif (Pavuluri, 2006, 2009, 2010).
Références
Les fonctions cognitives altérées de la bipolarité juvénile