14 : Du soulagement dans les échanges
1/01/2009
Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan
Limportant nétait pas le médiateur, mais le révélateur qui baignait ces connexions pour tirer de nos ténébreuses pensées, les couleurs vives de lespoir. Elles mettaient en lumières une image plus douce de nos existences tiraillées de lintérieur. Elles tamisaient en grains plus fins, pour un temps, les cailloux dangoisses qui enrayaient trop souvent nos mécanismes psychiques. Jétais content de pouvoir lui insuffler, lorsque je le pouvais des brises de vie comme autant dépistolaires zéphyrs damitiés.
Mère de 2 enfants, A. laînée 20 ans et G. 17 ans. Elle était divorcée et â cause de son état de profonde dépression, elle ne travaillait plus depuis bientôt plus de 2 ans, et enchaînait les hospitalisations pour des TS répétées. Je la trouvais néanmoins très courageuse même si certains lauraient dédaigneusement estimé lâche, irresponsable ou faible et égoâ?ste. Tant bien même après toutes ces années de luttes presque 20 de bipolarité déclarée, elle continuait encore et toujours â saccrocher ; Même si ce nétait pas facile tout les jours et que des fois elle se sentait tellement mal, si vidé quelle en arrivait â se faire mal dans sa chair. Mais elle luttait. Cest ce quelle mavait dit un jour, ? je suis une battante ?. Malgré les crises, ? sinon je ne sortirai plus de chez moi ?, ? Même si je vais faire mes courses et que je commence â avoir un malaise â la caisse, que prise de panique je dois me sauver sans mes courses et en rentrant je meffondre en larme parce que jen avais été incapable, parce que je fatiguer â vouloir en mourir dêtre malade, Et bien jy retourne et y retournerai toujours, je me battrais encore et encore ?. Ce sont des petits détails comme ça, qui lui pourrissaient la vie.
Javais au fil des semaines un peu connu son histoire et par conséquent lhistoire de sa maladie. Elle avait perdu sa mère très jeune â lâge de 5 ans, souffrante dune fièvre typhoâ?de et en proie â une crise hallucinatoire, elle sétait défenestrée de sa chambre dhôpital. Elle avait toujours gardé cette blessure au fond delle, bâillant et elle saignait encore aujourdhui. Sa première manifestation pathologique était survenue pendant la grossesse de sa fille. Ce qui avait été pris pour un simple baby blues avait perduré et sétait aggravé. Elle avait essayé de nombreux traitements, enchaîné les périodes daccalmies et de tempêtes toutes ces années mais elle était toujours lâ , des cicatrices aux 2 poignets, stigmates dun épisode passé, mais toujours lâ a traîner sa Bipo schizo-affective.
Cest un signe de bataille. Elle mavait écrit un jour : ? les gens associent trop facilement les maladies de lhumeur comme de la faiblesse ou pire de la lâcheté. On réfléchie â tout ce que ça sous-tend. On pense aux souffrances de ceux qui nous aiment, on se remet en question sans cesses, nous sommes nos premiers juges mais ce qui est terrible cest lincompréhension des autres et le jugement faux et mauvais quils portent sur nous. Certains pas tous évidemment se sentent trop bien assis sur leurs raisons, ils érigent par leurs jugements, les raideurs de leur pseudo normalité. Cest ne voir que le côté visible de liceberg? ?
Nous parlions de tout et de rien, je lui racontais les découvertes de mes lectures, les enseignements des conférences, lui faisait part des conseils que me donnait câline, elle men prodiguait dautres de son expérience. Jai progressivement rompu le contacte en janvier pendant ma période de travail de nuit mais surtout face â son désir de plus en plus insistant de mappeler pour entendre ma voix et de monter sur Paris pour venir me voir. Je ne me sentais pas prêt et ny tenais pas. Même si ce nétait que purement amicale le temps dune causerie autour dun café, il y avait une chose pour laquelle ma thérapeute bataille toujours autant cétait ma réticence â recréer un cercle social, ma résistance relationnelle. Ma vie suit toujours aujourdhui une routine stricte, maison -> travail -> maison du lundi au samedi et pour les jours de repos, le casque greffé aux oreilles reliées aux 30 Go de mp3 de mon Archos, je suis soit en ballades dans les rues de Paris ou dans la grande bibliothèque cubique â tuyaux multicolore de Beaubourg. Lécran de mon ordinateur est la seule bulle de parole qui me convienne. Dans nos rendez-vous du lundi soir, nous navons pas encore eu le temps de travailler comme elle le souhaiterait sur cette caisse hermétique dans laquelle je me suis machinalement réfugié. Nous en sourions parfois avec lorsque je la devance en disant ? Oui je sais cest mon côté tout ou rien qui se manifeste ?.