La même vie... mais avec des couleurs, des saveurs différentes
31/12/2008
Témoignages > Vécu sous traitement
Historique
Témoignage
Une vie quasi parfaite. Des diplômes, une carrière, une vie sociale, des amis...des voyages, des sorties...un superbe entourage, des collègues fantastiques...mais alors pourquoi ce mal être ?
Pendant mon enfance, mon adolescence un mal être justifié par des drames, des événements traumatisants. Mais aujourd’hui que tout va bien, pourquoi ? Je ne comprends pas toute cette anxiété. Cette boule au ventre, ce sentiment de suffocation, cette tête prête à exploser par moment.
Je me réveille angoissée, passe la journée excitée au point de rire aux éclats, et me couche avec l’envie d’en finir avec cette vie qui me rend dingue.
Heureuse, triste, excitée, angoissée, parfois tout ça en même temps, ou fluctuant d’un sentiment à l’autre, d’une minute à l’autre, d’une heure à l’autre, d’une journée sur l’autre. Un vrai yo-yo de l’humeur...le tout au gré des rencontres, des discussions, des disputes, des remarques, des événements importants ou anodins...aucune logique...l’humeur change constamment.
Je suis fatiguée. Trop sensible. Je ne sais plus quoi faire. Je n’ai pas assez d’énergie. Je n’ai pas de solution. J’ai tout essayé. En tout cas c’est ce que je crois.
En réalité je n’ai rien fait. Rien fait pour maitriser mon humeur, pour contenir mes angoisses, ou m’en défaire. Au contraire. Mais alors comment ai-je fait pour vivre si longtemps avec ce mal être ?
Probablement grâce à mes rêves...
Je me crée mon monde. Je me l’imagine. Mes rêves m’ont permis de fixer des objectifs. Des objectifs parfois irréalistes... et pourtant...
Tous ces rêves m’ont permis de garder espoir et de m’évader durant les phases hautes de mon humeur. Phase où mon énergie me permet d’entreprendre. Je veux épater les gens pour qu’ils soient fiers, pour qu’ils m’admirent, ou juste pour qu’ils m’envient.
Et dans les phases basses je n’ai pas la force de rêver. Je m’égare dans un tourbillon d’idées noires. La simple idée qu’on me quitte m’entraine jusqu’au fond. J’ai mal. Je souffre. La peur du rejet provoque un sentiment d’angoisse terriblement douloureux.
Mais comment font les autres ? Pourquoi eux ont de la chance ? Pourquoi n’ai-je pas le droit au bonheur ? Il y a forcement une explication...
la Cyclothymie.
Désormais je connais mon trouble. Je vais pouvoir agir... arrêter de m’apitoyer sur mon sort et agir.
Aussitôt on débute un traitement, on effectue une thérapie, on me suit, on me guide...le but ?
Me permettre de maitriser, de dompter mes angoisses. Et ça marche ! Incroyable !
Quand auparavant tout était tout blanc ou tout noir, aujourd’hui il y a un peu de gris.
Quand auparavant je m’effondrais à chaque rupture au point de vouloir en mourir, aujourd’hui je relativise.
Quand auparavant je suffoquais à l’idée d’être jugée, rejetée, aujourd’hui je ne me pose plus de questions.
Quand auparavant je m’attendais au pire, aujourd’hui j’ose et profite du meilleur.
Quand auparavant je me laissais entrainer par mes idées noires, aujourd’hui je leur fais face.
Quand auparavant je patientais des heures devant mon portable, aujourd’hui je vis sans.
Quand auparavant j’exigeais et ne voyais que les points négatifs chez les autres, aujourd’hui je prends le meilleur de ce qu’ils ont.
Quand auparavant je me dévalorisais, aujourd’hui je savoure pleinement mes réussites.
Quand auparavant je laissais les gens me dévaloriser, aujourd’hui je m’affirme et leur rie au nez.
La même vie, mais avec des saveurs, des couleurs... Je vois la vie différemment... Je la vois sereinement...