Le néant mʼest presque plus plaisant que la vie
18/12/2010
Témoignages > Borderline > Ecrits dʼune cyclothymique
16 Janvier 2007
... Jʼai la sensation de crier : ˮHELPˮ de plus en plus, alors que je mʼenfonce encore et encore. Je me laisse couler, je crois. Comme si dans lʼeau, je laissais le liquide qui mʼentoure me remplir, me noyer.
Bah, cʼest un peu ça la vie ; je me laisse gagner par la vie, elle passe, je la laisse avoir prise sur moi pour quʼelle mʼengloutisse jusquʼà mʼétouffer, me rendre inerte, les yeux ouverts, sans vie, sans espoir.
Espoir de quoi dʼailleurs ?
Je nʼai même plus envie de faire lʼeffort de rendre heureux ceux qui sont mes seuls liens avec le monde. Pas par méchanceté !
Je voudrais presque être lobotomisée, vide une bonne fois pour toute.
Une drôle de lubie en ce moment aussi, je dis ˮ je tʼaimeˮ aux gens concernés plus que la normale. Comme si jʼallais mʼen aller et ne plus les revoir. Cʼest vrai que je mʼen vais dans un sens, je mʼéloigne. La rive devient de plus en plus floue.
La mélancolie est lâ mais comme un compagne de toujours contre qui jʼai toujours essayé de lutter.
Ces derniers temps cʼest comme si je me livrais à elle. Je mʼabandonne à son souhait.
Elle mʼest fidèle depuis si longtemps. Cʼest peut être ça cette fatigue; ce serait le lâcher prise, lʼabandon â ce que je dois être...
...Mes parents... je les veux heureux ;
Je souhaiterais ne pas être née pour leur faciliter la vie. Ils ne seraient peut être pas rester ensemble si je nʼétais pas déjà à lʼétat de foetus.
Cette peur que ma mère avait de ne pas pouvoir avoir dʼenfant...
Je nʼai même plus peur de ça.
Crever sans donner la vie, même ça ne me touche plus guère.
Ca nʼa pas plus dʼimportance que le reste.
Jʼessais de revenir à lʼessentiel, mais même lʼessentiel me parait dérisoire.
Quʼest ce que lʼessentiel dʼailleurs?
Après tout la vie nʼest elle pas quʼun leurre, une plaisanterie, sans consistance, seuls les sentiments semblent la rendre sérieuse...
Mais on se remet de tout...
Mon esprit me...
Je me regarde petite sur cette photo de mon père.
Je regarde à gauche.
Castaneda dans ses enseignements dit quʼil suffit de regarder à gauche quand cela ne va pas, que lʼon est contrarié. A gauche, à une longueur de bras, il y a la mort.
Peut être qu’à 2 ou 3 ans, je parlais déjà avec elle.
Elle me semble si familière, si proche.
Je ne suis pas effrayée, pas farouche.
Alors jʼattends ; je nʼai pas autres choses â faire : la fatalité.
Dʼautres me diraient : ˮbats-toi, tu tʼécoutes de tropˮ mais justement moi je pense quʼil faut sʼécouter. Suivre ce que lʼon est envers et contre tous sʼil le faut.
Une sorte de force inouïe me pousse dans mes réflexions de manière perpétuelle.
Le néant mʼest presque plus plaisant que la vie.