02 : Installation de mon TOC
31/12/2007
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Janvier 1986 : Premier grand choc émotionnel non soigné.
Avant le bac de Français. Japprends un soir en rentrant du lycée que ma cousine Nathalie avec qui jai passé toute mon enfance est morte le matin même foudroyée par un anévrisme cérébral. Tout sest écroulé autour de moi. Cétait donc ça la vie : faire un passage sur terre plus ou moins long et plus ou moins dur selon notre destin. Jai souvent souhaité être â sa place dans mes moments de profonde détresse. Je me suis sentie très seule. A la campagne les activités sont assez limitées pour les jeunes. Il fallait que je fasse 10 kilomètres en vélo pour voir mes copines du lycée. Et puis avec mon frère nous navons jamais été très proches. Jétais aussi coincée quil était dégourdi et taquin. Par exemple le samedi soir il me disait : ? tu fais quoi toi ce soir ? Moi je vais en boite ! ? Evidemment il nemmenait pas sa soeur. Aujourdhui cela paraît dérisoire mais â lépoque je trouvais çâ plutôt dur !
Si bien que je me suis complètement renfermée sur moi-même en me réfugiant dans les études. Je ne vivais plus que pour ça : réussir professionnellement. Jai toujours été très exclusive. Ma nature timide me confortait dans mes positions.
A cette époque jaurais du parler â un psychiatre de la mort car jai mis de longues années avant de pouvoir faire le deuil de ma cousine. Il a fallu la mort de mon premier chien Eddy.
Ma mère en a parlé avec un généraliste. Tout ce quil a été capable de dire cest que ? ça passerait avec le temps ?.
JUIN 1987
Jobtiens mon Bac avec mention. Comme ? récompense ? je travaille tout l ?été et â la rentrée je passe â létape suivante : les études supérieures.
Lâ jai plus de difficultés sur le plan intellectuel. En plus je fais le trajet en train jusque Reims tous les jours (200 Kms) ne souhaitant pas rompre les liens familiaux auxquels je me suis raccrochée. Je ne vois ms parents quune heure, le temps du repas et de ma toilette, mais ça me fait tenir le coup.
Je fais mes devoirs dans le train qui a toujours du retard. Cela est très fatiguant et stressant pendant trois ans (jai refait un an pour assister â certains cours dont je devais repasser les épreuves). Lambiance est atroce dans la classe (40 filles de tous horizons). Les professeurs sont des agrégés en fin de carrière rigides et fiers sauf une ou deux exceptions?
JUIN 1990
Je réussis mon BTS de Secrétaire de Direction mais je suis crevée. Trois mois après je commence â travailler dans lEducation Nationale comme Assistante technique au Chef de travaux. Jai travaillé dans une grande partie des lycées professionnels de la région.
Je suis satisfaite. Jai atteints mes objectifs.
Cet été lâ je fais la connaissance dun garçon qui va devenir mon compagnon jusquaujourdhui encore. Cette relation ma apporté du bonheur au début. Il était attentionné, gentil. Je voyais des gens, javais des loisirs. Cela sest malheureusement gâté par la suite.
Selon mon médecin actuel, après le décès de ma cousine, jai eu ? le syndrome de dépendance affective ? : jai énormément souffert de la solitude car ce nest pas dans ma nature. Doù le rattachement excessif â mes parents pendant mon BTS et le fait que je me sois engagée très vite juste après celui-ci dans une relation afin de ne pas être seule.
MAI 1991
Nous décidons de vivre ensemble mon ami et moi. Il ny a donc pas eu de coupure pour mamuser et évacuer les tensions accumulées entre les études, mon entrée dans la vie professionnelle et le début de ma vie de femme.
Je me trouve alors confrontée â mes premières déceptions. Sa mère est possessive et autoritaire. Mes relations avec celle-ci, idylliques au départ, deviennent alors dun coup tendues puis conflictuelles. Je mets des mois avant de me défendre (cest une carence dans mon éducation). Ma naâ?veté est déplorable. Mon ami lui ménage la chèvre et le chou.
Durant cette période de ? torpeur ? je ressasse toute la nuit au point de devenir insomniaque pendant un an. Jimagine les réponses que jaurais du dire si javais eu de lautodéfense?
Je commence â prendre des somnifères (qui font effet le lendemain dailleurs) pour assumer mes responsabilités. Je fais 100 kilomètres par jour en voiture car je suis sur un poste le matin et sur un autre ailleurs laprès-midi. Malgré cela, au lieu de manger â la cantine, je mets un point dhonneur â revenir chez moi le midi pour faire le repas de mon ami qui lui travaille â 1 kilomètre de la maison?
Jarrive donc un quart dheure en retard laprès-midi au lycée. Mon chef de travaux, qui nest autre que mon oncle cette année lâ , me hurle aux oreilles. Il ne voit pas que je mets ? les bouchées doubles ? pour exécuter toutes mes tâches et que je reste, bien après lui, le soir.
Cest alors que les premiers symptômes de la maladie apparaissent liés â tout ce stress.