Un espoir
31/12/2007
Témoignages > Se soigner
Pas vieux, l’avenir devant soi quoi, mais revenons en arrière.
A 12 ans, âge de ma communion, je suis couvert de cadeaux ! poste radio (surtout dans une famille plus que modeste) gourmette et médaille de baptême ... Oui je devrais être le plus heureux des adolescents qui reçoit la sainte onction et je ne sais quel cierge ! Et bien non ! je suis le plus malheureux des adolescents ! Je pleure, j’en veux à la terre entière je suis conscient de mon égoïsme; on me le fait même savoir !
"Pense à tout ceux qui n’ont pas cette chance" bref je suis enfermé pour la première fois dans un corps qui se doit d’être heureux mais rien à faire, je fais "chier" tout le monde à grands cris et des larmes inconsolables ... Ma marraine vient et la sagesse parle "tu es comme nuage dansant dans Lucky Luck, avec des fois un petit nuage blanc mais des fois bien orageux, c’est le début de ton adolescence c’est normal !"
Je passe donc une adolescence maudite oui maudite : peu de souvenirs, pd de service au collège comme au lycée, je passe car rien d’intéressant à raconter à part "vas dans ta chambre ou vas réviser", je suis cloîtré dans un village de 2000 habitants en comptant les vaches ! Le petit nuage me poursuit tout va bien c’est normal.
L’adolescence perdure à ce qu’il parait.
Arrive enfin le départ du "cocon" familial... Enfin oui enfin libéré de cette mère surement bipolaire en tout cas avec au moins un épisode de dépression majeure et aussi bien heureuse que malheureuse avec un mari patient... Une chieuse manipulatrice ligaturée à ma naissance qui voit partir son dernier espoir de réussite sociale...
Le drame continue quand je rencontre mon professeur de français de première qui me saute dessus dès mes 18 ans il me surveillait depuis la seconde il a pris son temps. Première expérience sexuelle non voulue et alcoolique. Première dépendance aussi avec l’argent tout ça dans un joli pack ! Merci Mr D... Je comblerai à partir de ce moment mes hypomanies par l’alcool et le sexe, allez savoir pourquoi...
Du coup libéré des conjonctures familiales je me retrouve livré à moi même et mes "vices": je bois beaucoup jusqu’à l’amnésie, je dépense même si je n’ai pas d’argent et je baise à ne jamais en être rassasié mais ma bonne morale chrétienne me fait rechercher l’amour le vrai. Presque jamais largué jusqu’à maintenant c’est moi qui largue et je n’en pleure jamais. Au suivant !
J’avance un peu dans l’histoire et passe sur mes deux ans d’école d’infirmier, j’arrête, de mes deux ans de fac de musicologie, j’arrête, des mes six ans d’aide soignant, je change de service tous les ans voir tous les six mois ... et je recommence enfin mes études d’infirmier, une boucle se ferme. Je rencontre Dame H. devenue depuis ma meilleure amie. Nous avons cheminé petit à petit vers un début de questionnement. Je ne me rappelle toujours que très peu de mes soirées arrosées. Elle fait mine qu’elle s’en souvient bref on va de haut en bas sans vraiment en souffrir ou s’en plaindre car on est pas synchrone donc on se remonte l’un l’autre et tout va bien.
Mme H. est aussi bipolaire ! Quelle rencontre ! Elle l’a su après moi ! Accélération : Oui je peux le dire maintenant la troisième année d’infirmier est une pure connerie mais surtout on vous déforme à être infirmier. Les cycles se rapprochent dangereusement je bois beaucoup mais pour faire la fête et je m’en prends plein la tête ! " t’es trop bizarre ! tu sais pas ce que tu dis ! Il faudrait vraiment que t’arrête de boire !" Mais pourtant ... je ne bois pas chez moi tout seul, y’a pas une seule bouteille d’alcool à la maison mais il est vrai que je ne me souviens de pas grand chose ... bizarre le travail commence à faire son chemin et j’angoisse de plus en plus !
Dangereusement encore je passe à des cycles de deux trois mois à quarante-huit heure ... Le drame je n’arrive plus à gérer ! Ce n’est pas saisonnier et le petit nuage ne m’aide plus... Je bois j’oublie je déprime nous sommes en mai et le mémoire est à rendre début juillet et là : c’est le drame. J’arrête je n’en peux plus ! Encore une fois ! Et là je ne peux pas fermer les yeux sur ce qui m’arrive ! Le désespoir m’envahit pour de bon ! je coule ! je sombre ! je suis et ne serai jamais guéri J’ai 31 ans ! et je recommence depuis des années des cycles infernaux ! J’ai essayé trois traitements antidépresseurs qui n’ont rien fait ou arrangé...
Je rencontre enfin Dr H. On me l’a conseillé car à force de parler avec un pote qui est dans la partie tout devient à son sens limpide, je n’en peux plus je suis usé et de toute façon je suis prêt à tout. J’ai 31 ans et maintenant ça va mieux ! Je suis étiqueté Bipolaire type II 1/2 et j’en suis fort aise !
Non, sans blaguer j’ai commencé par expliquer tous mes maux à cause de cette maladie mais je me rends bien compte qu’elle n’est que le vecteur et l’amplificateur de mes réactions.
Tout ce charabia pour vous dire que le traitement aide beaucoup !
Bipolaire un jour bipolaire toujours mais beaucoup plus gérable !
Les tensions ne s’effaceront jamais les coups de "blues" non plus ! Les envies que tout s’arrête non plus, mais bon ça passe plus vite ! Je n’en suis qu’au balbutiement du traitement mais vous écrire déjà me fait du bien. Je ne suis pas seul et vous le savez aussi ! Les vagues deviennent plus douces les pentes moins raides et le cerveau moins rempli ! Je ne lutte que très rarement contre certaines pulsions mais le combat s’est réduit à une chiquenaude ridicule par rapport à avant ! Courage il faut s’en donner et se donner de l’optimisme ! Quand on fait ce qu’il faut pour aller mieux on peut vraiment vivre heureux et c’est ce vers quoi je tends ! Alors tendons !!!
