Antidépresseurs dans la Dépression avec Hypomanie Sub-Syndromique
30/09/2012
Auteur : Dr Hantouche
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Traitements
Une analyse rétrospective des dossiers cliniques de 17 patients « pré-bipolaires » (cas de dépressions qui deviennent bipolaires sur une période de 7 ans) comparés à 17 dépressifs unipolaires stricts révèle certaines éléments caractéristiques des dépressions pré-bipolaires (O’Donovan et al, 2008) :
De même, Pacchiarotti et al, (2011) ont montré qu’un traitement avec AD en monothérapie chez des patients reconnus plus tard bipolaires, peut induire un taux élevé de virage et de conduites suicidaires.
D’une manière globale, les études cliniques montrent qu’un pourcentage significatif des patients dépressifs (30 à 40%) présente des éléments de bipolarité discrète : symptômes hypomaniaques au sein de l’épisode dépressif, une histoire familiale de bipolarité, un âge de début précoce, conversion ultérieure vers la bipolarité… des éléments qui sont des critères de validation du spectre bipolaire (Akiskal et al, 2005; Zimmermann et al, 2009; Angst et al, 2010; 2011; Fiedorowicz et al, 2011). Ce qui signifie qu’au moins un tiers des dépressifs majeurs serait des dépressifs bipolaires ou des candidats à une conversion future vers la bipolarité (Zimmermann et al, 2009; Fiedorowicz et al, 2011). De point de vue pharmacologique, ces patients apparemment « dépressifs unipolaires » sont en fait des dépressions bipolaires à haut risque de virage ou de résistance aux AD (O’Donovan et l, 2008; Woo et al, 2008; Li et al, 2012).
Un des facteurs expliquant la fréquence de résistance de la dépression est probablement le délai assez long pour aboutir au diagnostic correct de BP (Correa et al, 2010). En effet, la majorité des patients BP présentent plutôt des épisodes dépressifs au début du trouble, ce qui signifie qu’ils sont reconnus comme des dépressifs unipolaires et traités comme tels. D’autres études ne soutiennent pas ce lien entre la résistance au traitement et la non reconnaissance de la BP (Perlis et al, 2011).
La résistance de la dépression bipolaire aux AD semble dépendre du nombre des épisodes dépressifs et hypomaniaques et d’une plus forte exposition antérieure aux AD avec également plus de virages (Pacchiarotti et al, 2011). On peut ainsi conclure que l’exposition aux AD contribue à cette résistance. Toutefois, les liens de causalité ne sont pas évidents. On ne sait pas si cette résistance est induite par les traitements AD antérieurs ou plutôt liée à un mode évolutif plus difficile avec plus de récurrence et de comorbidité anxieuse (qui ont engendré la prescription de plus d’AD).
Peu de psychiatres adoptent la stratégie de dépister systématiquement les indices de BP lors des premiers épisodes dépressifs. Dans la pratique, ils ne font pas la différence entre dépression UP et BP ; ils pensent qu’un épisode dépressif reste le même qu’il soit associé à un trouble UP ou BP, ce qui légitime l’usage régulier des AD dans les troubles BP. De plus, cet usage répond à la demande des patients pour soulager leur souffrance.
Références
