35 : une vie vraiment difficile
15/09/2010
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
14h12
J’ai enfin remonté la pente après 14 jours de torture. Deux semaines, ce n’est pas la mer à boire surtout quand on a connu des années ininterrompues de dépression mais j’avoue que cette fois-ci, j’ai bien cru rendre les armes, à deux doigt de me faire interner. L’orage est passé, depuis je suis stable à mon humble avis. Bonne nouvelle n’est-il pas ? A quand la prochaine tornade ?
Je viens d’avoir une personne de ma direction au téléphone qui m’a appris que mon Congé Longue Maladie était accepté pour 6 mois. Je ne sais quoi trop penser. D’un côté, j’ai de la chance d’être protégée jusqu’à fin novembre, d’un autre cela signifie que je ne peux pas reprendre mes études et que je vais retourner dans l’arène aux fauves. Pour prolonger le CLM, il faudrait refaire un dossier en septembre.
Donc, je mise de l’argent pour l’université ou je retourne travailler avec je ne sais combien d’arrêts maladie ?
Où est ma place ?
En voilà une question qu’elle est bonne !
La MDPH me refuse depuis des années un "emploi protégé".
Lorsque j’ai eu mon concours, je croyais que le plus difficile était fait et il a fallu que je tombe dans un service où l’on harcèle les femmes méchamment. Tout le monde le sait depuis des années et personne n’a été sanctionné : c’est du joli !
Puis on me déplace dans un environnement "sain" où l’on bosse une demi-journée pour passer l’autre demie à bavarder de broutilles de mémés ou à médire.
Pourtant, malgré mon instabilité, j’ai réussi à travailler des années mais on m’accordait beaucoup d’autonomie et de respect mais surtout les gens étaient là pour bosser ! Comment être en équipe si personne ne s’y met ? D’autant que le chef passe ses journées sur le solitaire ou les images de cul devant notre nez, tout en exigeant du bon boulot ?
Qu’y puis-je si je maîtrise mieux la maladie à l’université ? J’ai fait ma première année en yoyo constant et pourtant j’ai obtenu des très bons résultats.
J’ai vraiment du mal à voir le côté positif des choses, j’avais le moral pourtant ce matin. Tout d’un coup je me sens perturbée, déçue et condamnée à remettre les pieds dans une mentalité que je ne supporte pas, c’est carrément physique.
J’ai le droit de contester la décision du Comité Médical (alors que votre attestation soulignait la gravité de ma pathologie) mais ça doit être fait très rapidement.
Peut-être faut-il que vous précisiez que j’ai besoin d’un an et non six mois ? Comme si le corps médical n’avait que ça à foutre de défendre les malades !
Je ne sais plus à quel Saint me vouer. En plus je n’ai pas le droit de démissionner avant novembre 2012 donc ce n’est pas la peine de chercher un nouveau travail, qui plus est c’est bouché dans le privé.
Alors ? Que dois-je faire ? Vous demander de contester ? Me faire à l’idée que le temps des bosseurs est terminé ? Adieu les études ?
Raz le bol, sitôt sortie de crise psychique, sitôt les emmerdes rappliquent et j’ai pas du tout envie d’être polie aujourd’hui.
Vivement 62 ans que je puisse enfin m’éclater pour mes vieux jours !
Et voici comment on débute une bonne journée et voici comment je sens la souffrance se planter dans mes tripes. Encore le jeu de l’hyper-sensibilité ? Ça ne peut pas aller dans l’autre sens des fois ?
Au fait, j’y pense, j’ai claqué toutes mes économies dans le vide pour sortir ma mère du pétrin d’avec les huissiers, ça n’a servi à rien puisqu’elle est SDF depuis fin avril, charmant !
Pour ceux qui militent en faveur de la piété filiale, je précise que 3 personnes dans 20 mètres carrés dont 2 bipolaires : ce n’est pas possible ! Essayez donc pour voir ! J’ai déjà testé...
