Les patients qui ne veulent pas guérir
31/12/2007
Auteur : M Trybou
Anxiété / TOC > Techniques pour lutter contre les TOC
Pour un grand nombre d’entre eux, il est alors intéressant de reconsidérer le traitement médicamenteux ou de chercher si une dépression ne sape pas lentement mais sûrement toute motivation et toute énergie pour changer. Cela est en effet classique
Et parfois, ces deux pistes ne donnent rien : le patient a un bon traitement, il n’est pas déprimé et il persiste à ne pas guérir. Pourquoi dire "persiste" ? Parce qu’on a l’impression qu’il ne fait rien et qu’il met une énergie importante à ne rien faire. Ce n’est pas ce patient qui a tout tenté avec beaucoup de persévérance et qui n’y arrive pas. C’est plutôt ce patient qui n’a rien fait, ou a peu fait. On constate alors trois possibilités :
Dans le premier cas, le mécanisme à l’oeuvre est souvent une faible estime de soi, amplifiée par des années de TOC et de dépression, et qui a brisé toute confiance en soi, toute croyance que l’on a des capacités à changer.
Dans le second cas, le patient a peur de guérir. Il le souhaite, il est motivé, il a une démarche de soins, mais il a peur. Est-ce pour autant conscient ? La plupart du temps, pas du tout. C’est la peur que s’il guérit, il devra reprendre sa place dans la société : plaire, séduire, se marier, éduquer des enfants, avoir des responsabilités, rendre des comptes, tenir tête à son patron. Et se faire une place dans la société, cela demande d’avoir une personnalité solide : des passions pour intéresser les gens, du caractère pour se défendre, des initiatives pour se frayer un chemin, et une bonne tolérance aux échecs si ceux-ci survenaient.
Cette patiente qui a peur de guérir de ses TOC car elle va redevoir prendre les rennes de la maison, cette autre patiente qui rumine qu’une fois guérie elle doit commencer la conception d’un bébé (son mari lui en parle depuis des années), ce monsieur qui pense qu’on ne s’occupera plus de lui une fois guéri ("comment vais-je bien pouvoir intéresser mes amis ?"), cette patiente qui a peur de ne rien avoir à dire le jour où elle n’aura plus de TOC,
Dans le troisième cas, le patient veut guérir, il ne supporte pas son état mais on se rend compte qu’il a du mal à admettre sa maladie. Il digère mal l’idée qu’il a besoin d’aide et est un peu hostile au thérapeute car cela lui renvoie une image peu satisfaisante de lui-même ("je suis dépendant de ce thérapeute, venir le voir me montre mon infériorité") et remet en cause son autonomie.
Dans ces 3 cas, on sent la même saveur : l’estime de soi mise insuffisante pour progresser, ou l’estime de soi mise â mal. Et quand l’estime de soi est défaillante ou à fleur de peau, elle entraîne un comportement bien connu qui s’appelle la conduite d’échec dans les cas un et deux, et d’opposition dans le troisième cas. Les conduites d’échec et d’opposition, ou comment se saborder dans les règles de l’art, sont des comportements classiques que l’on retrouve dans les TOC comme dans toutes les pathologies.
Au final :
Il est alors pertinent, pendant la thérapie des TOC, de proposer à ces patients les lignes de conduite suivantes :
Cas 1 et 2 :
Cas 3 :
Le but étant de consolider l’estime de soi en parallèle de la thérapie des TOC, ou de ne pas trop la mettre à mal.