Le trouble bipolaire de type V : je suis bipolaire sans aucun symptôme de trouble bipolaire
9/10/2011
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Cas clinique
Mademoiselle xxx consulte à ce jour pour des TOC d’annulation de pensées.
Les TOC se seraient développés à l’âge de 16 ans avec des pensées négatives « sur les gens que j’estime mauvais, des personnages historiques ou de films et la peur qu’ils me rendent mauvaise si j’y pense. Par exemple, sur une journée, je vais avoir une pensée dans la tête comme "j’ai peur de devenir comme x ou y qui est un sale type". Avant, je devais répéter l’action en cours plusieurs fois en pensant à la dite personne pour bien être sûre qu’elle ne me correspond pas. Cela portait sur toute action. Actuellement, le rituel est mental : je me dis "non je ne suis pas lui" avec plein d’arguments pour prouver cela ».
Mademoiselle xxx a eu légèrement moins de TOC sous Prozac, ainsi qu’une diminution importante de la dépression. Elle a rechuté quand elle a arrêté le traitement. A la reprise du traitement, le Prozac ne marchait plus ni sur les TOC ni sur la dysthymie. Le Seroplex n’a pas non plus été concluant. Abilify et Risperdal ont « shooté » Mademoiselle xxx. Le traitement actuel serait sans effet. Les TOC se manifesteraient en dents de scie, sans période de disparition.
Mademoiselle xxx décrit une Dysthymie depuis le début des TOC à 16 ans, ainsi qu’un premier Episode Dépressif Majeur à 17 ans à cause d’un trop plein de TOC. Cet EDM dure 2 mois et se résorbe sous Prozac. Un second EDM commence à 21 ans pour les mêmes raisons et dure 2 ans (il serait actuellement plus faible).
Mademoiselle xxx décrit dans chaque EDM de la tristesse, de l’anhédonie, un manque d’appétit, des difficultés de concentration, de l’autodévalorisation, des idées noires. Aucune tentative de suicide ou hospitalisation n’est trouvée.
Aucun élément d’hypomanie ou de Crowded Thoughts n’est trouvé. Aucun élément de Cyclothymie ou Hyperthymie n’est noté.
L’arbre généalogique de la famille montre une mère ayant fait de la dépression et de l’anorexie par le passé, une tante maternelle divorcée ayant fait de la dépression, dont la fille est hyper travailleuse, un oncle maternel divorcé et hyper travailleur, un grand père maternel décédé d’une cirrhose, un père hyper travailleur et très anxieux, une grand mère paternelle diagnostiquée bipolaire avec tentatives de suicide et hospitalisations.
Conclusion
Ces informations familiales sont à considérer dans l’hypothèse d’une génétique bipolaire, sans symptômes actuel (Klerman et Angst). C’est à dire que le patient n’a objectivement aucun symptôme de trouble bipolaire, mais résiste aux antidépresseurs. Si le patient fonctionne subitement très bien sous thymorégulateur, c’est peut être que sa génétique ne provoque pas d’éléments spécifiquement bipolaires mais ne supporte néanmoins pas certains traitements.
