Besoins thérapeutiques dʼune bipolaire cyclothymique
1/04/2013
Témoignages > Cyclothymie
Comment dire à son entourage que lʼon va mal à en mourir sans les enfoncer eux-mêmes dans lʼangoisse de nous perdre ? Sans les inquiéter ?
La peur, peur de les tirer eux aussi vers le bas.
La dépression bipolaire, tout comme la dépression normale est une chose qui se vit seule. Nous ne voulons pas cette solitude, on la subit, avec cette sensation quotidienne dʼêtre un poids pour la société, un poids pour son entourage, être pour ma part la plus mauvaise des mères et épouses, avec lʼimpression dʼêtre un boulet pour mon entourage.
Je subis ces douleurs au fil des jours, des soirées qui sont parfois bien pires, au fil des semaines et des mois qui sʼéternisent. Je suis seule avec mes peurs qui dans ces moments là reviennent en force, tout comme les crises dʼangoisses.
La solution nʼest que lʼattente que cela passe, que les idées suicidaires sʼestompent, que la fatigue sʼévanouisse, que ces obsessions se calment… attendre, je ne fais que cela, une attente interminable. Chaque jour est une lutte constante pour survivre.
Jʼai tout pour être heureuse, et en soit, lʼentourage ne comprend pas mon mal être : un mari aimant et qui mʼentoure, trois enfants, jʼavais un travail, perdu à cause de cette dépression et son lot de symptômes (lenteur, problème de mémorisation, bourdes répétitives, deux de tension). On ne peut pas comprendre quʼil nʼy a pas dʼéléments déclencheurs, quʼon est mal sans savoir pourquoi (à part la chimie de notre cerveau). Un rien, un simple grain de sable peut amener une tempête émotionnelle qui nous fait tomber dans la dépression, ou la manie.
On déprime, pour rien.
Oui jʼai tout pour être heureuse mais je ne le suis pas. Voilà ce que jʼoffre à mon entourage, lʼimpuissance de me rendre heureuse. Et moi ma propre impuissance à aller mieux. Je subis tout simplement
Je survis, cʼest la définition exacte. Je survis avec ce sentiment de solitude constante.
Je me replie, recluse dans ma maison au fin fond de la campagne, je mʼy suis enfoncée voilà plus de quatre ans, quatre ans à fuir la société, à fuir tout comme à envier le contact.
Je suis comme dans une bulle, une prison dont je nʼarrive pas à sortir.
Prisonnière de moi-même, de ma dépression, dʼun voile infime mais qui me semble être aussi épais quʼun mur insurmontable.
dossier de décembre
La dépression bipolaire : souffrir seul
Prise en charge psychologique de la dépression bipolaire
Ma dépression n’est pas une dépression normale
