15 : suis-je moi je te fuis, fuis-moi je te suis !
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Ces putains de kystes peuvent freiner mon ovulation et j’aurais peut-être plus de mal â avoir des enfants que les autres…
J’en crèverai si je n’ai pas d’enfants…J’espère que ces kystes vont partir aussi vite qu’ils sont venus et que tout va rentrer dans l’ordre.
J’en ai assez de ce cocktail de médicaments que je dois prendre.
Prozac est mon ami depuis si longtemps maintenant. Il fait partie de ma vie comme mon boulanger. Aussi quotidien que le pain.
Je sens que Clément se protège de moi â son tour. Je le sens un peu résistant, comme tous.
Je m’enferre dans un quotidien qui ne ressemble â rien. Autant de vide que l’ennui ne figure même plus en tête de liste. C’est le néant, le train-train quotidien d’un quotidien aussi banal et insignifiant qui puisse exister.
L’attente de quelque chose de meilleur. Je sais maintenant que je ne me suffirais jamais â moi-même. J’ai trop besoin d’un autre que moi. Jacopo a peur.
C’est normal. Et tant que je serai comme ça il aura peur. Et tant qu’il me résiste, j’aurais besoin de lui. C’est le cercle vicieux d’une relation tragique.
Je ne veux pourtant tellement pas d’ un quotidien exemplaire avec lui.
C’est ça qu’il n’a pas compris. Il me voit comme cette chose gluante qui veut absolument se marier, faire des enfants, l’étouffer…Alors, je pleure, parce que je ne suis pas comme ça. Certes j’aimerais m’unir â lui et concrétiser cette union par des enfants mais c’est tout, le schéma « traditionnel » s’arrête â ça. La relation je la veux pigmenter d’absences, de travail, de choses qui feront qu’on sera toujours en manque l’un de l’autre…
Il faut que je sois forte lorsqu’il me parlera de sa nouvelle copine, car soyons clair, ce jour viendra.
C’est pas pour ça que j’abandonnerai la partie. Loin de lâ . Comment parfois je peux me sentir si sûre de moi et d’autres fois, suis complètement anéantie face â une telle situation ?
C’est absolument incompréhensible. C’est ça qui me tue â petit feu ; cette inconstance dans l’humeur. C’est épuisant. Aussi épuisant que l’histoire de ma vie.
Je me sens prise dans un filet de pêche. Avec des trous pour respirer mais pas assez grand pour m’échapper.
Est-ce que renoncer â l’espoir d’être avec Jacopo c’est se résigner ?
Si je n’attends plus rien, que je laisse la vie me surprendre, est-ce que ça veut dire qu’un jour il pourra revenir malgré tout ? Ne plus espérer, c’est ça qu’il faut que je fasse. Mais jamais me résigner. Mais j’y arrive pas, je suis constamment sur MSN pour avoir le plus de chances possibles de l’y croiser.
Je suis complètement addicted. Le pire, c’est de l’imaginer, lui, complètement libre de moi.
Les premiers TOCs dont je me rappelle, je devais dire tout ce qui me passaient par la tête â haute voix, comme ça. Ensuite, c’était avec une raison, une menace intérieure : « Si tu ne fais pas ça, si tu ne dis pas ça, untel mourra »…
J’ai beau essayer de m’intéresser aux autres, rencontrer de nouvelles personnes, mais rien ne me comble autant qu’une parole ou la présence de Jacopo. Je m’en veux, si tu savais comme je m’en veux de ne pas réussir â changer, de ne pas être différente. Exister pour moi avant d’exister pour quelqu’un d’autre. Même si je me trouve plutôt intéressante, je n’arrive pas â en convaincre les autres. Ou du moins, pas comme je le voudrais. Jacopo tient â moi, mais je m’en fous de cet attachement. Ca ne m’intéresse pas.
J’en veux d’avantage.
Je suppose que je ne suis jamais contente, que d’autre se contenteraient d’une belle amitié.
Cette attente me bousille, comment faire pour ne pas souffrir. Je ne veux pas être radicale. Je veux me battre et être capable de le voir sans souffrir. Enfin, je ne souffre pas d’ailleurs quand je le vois, au contraire, je n’ai jamais été aussi bien. C’est juste que je ne le vois pas assez.
Jacopo est un artiste barré. Un vrai, un beau. C’est son côté fracassé qui m’attire. Son côté instable. Son questionnement perpétuel face â la vie.
J’ai pris la décision de ne plus donner qu’â ceux qui me donnent. Entre en compte :
Les enfants, les animaux, ma famille, et les autres qui voudront bien. Mais, je ne donnerai plus gratuitement. Je veux recevoir. J’en ai marre de courir sans cesse pour rien.
J’ai toujours aimé de cette façon absolue, depuis mon premier flirt.
N’est-ce pas le même homme que j’ai aimé durant toutes ces années, mais qui auraient eu un nom et un visage différent â chaque fois ? Est-ce qu’un jour je n’aimerai plus Jacopo comme je n’aime plus les autres ?
Qu’est-ce qui fait la différence ? J’ai parlé du fait que je suis en thérapie depuis que je connais Jacopo et qu’ainsi les rapports sont certainement moins biaisés avec lui qu’avec les autres car je suis plus lucide depuis que je suis suivie. Mais y-a-t-il une vérité dans l’amour, une chose qui fasse qu’un jour on s’arrête enfin parce qu’on a tout trouvé en l’autre ?