11 : le mal de vivre
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Désorientée, assommée, vidée, je marche seule.
N’arrive pas â rester éveillée. Dès que je m’ennuie, je vais dans mon lit et je tente de dormir.
Deviens liquide.
J’ai débloqué Jacopo, mais je ne lui parlerais pas en premier.
J’attends, je suis toujours dans l’attente de toute façon avec les mecs quand je les aime.
Jacopo c’est un bébé. Il a peur de l’engagement. Il redoute de penser â deux. C’est un lâche, un égoâ?ste. Un radin aussi. Mais je l’aime car c’est la seule personne qui est capable de me faire oublier que je suis en vie.
Oui, oublier que je vis. Avec lui, je ne réfléchis plus â mes problèmes, je suis.
J’ai vraiment hâte de le revoir.
J’ignore si je choisis ce qui m’arrive ou si je le subis.
Ma vie est assez triste et vide, mais est-ce que j’en suis coupable ?
Je pense que j’ai une part de responsabilité. Je pense que j’ai peur de quelque chose et maintenant il faut que je trouve de quoi.
Je pourrais être moins seule en faisant plus de choses, et pourtant je ne les fais pas. Je suis inactive. J’ai du mal â prendre des décisions et â m’y tenir puisque je change tout le temps d’avis.
Ces allées et venues m’épuisent et du coup je ne fais rien.
Je dépense beaucoup d’argent par compulsion. Je sors peu, mais quand je sors, je rattrape le temps perdu en liquidant mon fric. Je suis capable d’être très généreuse et très radine aussi.
Suis-je une meuf â PD ? On me l’a déjâ dit. J’ai des amis gay. Mon pote est homo.
Quand je le vois avec son mec, je suis jalouse. Parce qu’ils ont l’air de tellement s’aimer…Et en même temps, ça m’écoeure, je n’aimerais pas leur ressembler, leur relation m’étoufferait, je le sais. Ils vivent ensemble, se voient donc chaque jours. Moi je n’en suis pas capable. En fait ce qui m’effraie avec le quotidien, c’est que j’aurai trop peur que ça s’arrête, donc je préfère ne pas y goûter. J’ai toujours été habituée au manque dans mes relations amoureuses. Je me suis auto conditionnée â aimer de cette manière.
Parfois je me sens victime de mes amis homos. Je ressens une telle violence de leur part envers moi. Comme une indifférence, un rejet. Comme si la femme que je suis ne leur inspirait que du mépris, du dégoût.
Je me sens de trop. Exclue du club.
J’ai une tendance â la paranoâ?a, mais c’est parce que je veux tellement qu’on m’aime…
J’aimerais dormir et ne jamais me réveiller. Je suis déçue de constater que je suis encore en vie ; dans cette vie. Je me coltine ma vie.
Je n’arrive pas â en faire quelque chose de supportable.
Suis-je condamnée â toujours me sentir ainsi ? Devrais-je ressentir toute mon existence un poids comme celui-lâ ?
Je suis en apesanteur. Je flotte comme une merde dans sa pisse.
J’ai peur de vous ennuyer avec mon énumération… Vais-je réussir â être intéressante ? Pourquoi ma vie vous séduirait-elle ? C’est barbant l’histoire d’une inconnue. Surtout quand elle a tendance â se plaindre.
Je veux pas plomber l’ambiance.
Quand je rencontre des gens que je ne connais pas, je suis toujours mal â l’aise, surtout quand ce sont les amis de mon petit ami. Je me sens jugée, je ressens de la jalousie instantanée. Surtout, face aux amis de Jacopo. Je voudrais être la plus cool et je me comporte comme une sauvage. La plupart du temps, je prétexte un empêchement pour ne jamais être disponible. J’évite de les rencontrer. Du coup, je reste une espèce d’inconnue, quelqu’un dont ils ont rien â foutre puisqu’il ne me connaissent pas.
Je n’ai jamais vu les parents de Jacopo. Je crève d’envie de les voir. Je comprendrais peut-être mieux pourquoi il m’échappe tant.
Je voudrais qu’ils m’adorent comme moi j’adore leur fils.
Je suis triste. Il me manque. Pourquoi je n’arrive pas â l’avoir ?
Je l’ai eu une fois et maintenant, je galère pour écrire la suite.
J’ai tellement l’impression qu’il m’aime sans l’avouer. Ses gestes qui le trahissent, quand il me prend la main, c’est hallucinant de tendresse.
Mais il est comme ça Jacopo ; il est tendre avec tout le monde. Je croyais même qu’il était PD â un moment. Alors pourquoi ce serait différent avec moi ? Pourtant, je sens comme une évidence entre nous, un truc indicible singulier qui n’existe qu’entre nous.
Je suis tellement happée par la tristesse de ces sales pensées. Je me conditionne toute seule. Je m’avoue toujours vaincue d’avance.
Et puis d’un coup, c’est l’inverse, j’ai comme la certitude que c’est moi qui détiens la vérité. Je doute parce que j’ai peur qu’il tombe amoureux d’une autre. Je ne me sens pas « aimable » par lui. C’est horrible ces phases d’angoisses.
Plus j’écris, plus je doute de nous.
Pourquoi c’est si merdique ? Je sais que je suis « aimable » bordel, et que je lui corresponds.