Périodes noires d’une jeune cyclothymique
21/08/2011
Témoignages > Cyclothymie
Je sens la douleur mʼenvahir de nouveau, je retiens mes cris et mʼécroule en larmes. Jʼai lʼimpression de sombrer dans un gouffre, lʼangoisse me submerge. Ca faisait quelques jours que je nʼavais plus ressenti ça, jʼavais même oublié ce que ca faisait. Juste le temps de réaliser ce fait et déjà elle mʼéchappe. Je nettoie alors mes larmes en grimaçant. Elles ne me soulagent plus, me font juste mal. Nausées, frissons, je somnole un long moment et me réveille désorientée ; mes articulations me font souffrir. Pas envie de parler, pas envie dʼécouter ; je ne vais pas tenir, je suis comme amputé, vide ; et lʼangoisse monte...
Et cʼest seulement quand ils rentrent que je me décide à jouer mon rôle. Je prend sur moi, les rejoins a table. Ces nausées sont affreuses mais je nʼai aucune excuse moi justifier mon manque d’appétit…
Cʼest le vide qui mʼempêche de dormir, un vide abyssal. Mes sanglots repartent de plus belle, jʼai tellement honte de moi... Je fuis ce désordre mental et mʼenvole loin de tout ça, je ne suis rien, plus rien quʼun vague souvenir.
On me dit que ce cauchemar se terminera, je me remet a pleurer, de soulagement ?
Jʼarrive a peine a respirer correctement, jʼaffronte de nouveau cette douleur. Mais ma vue se trouble et je mʼeffondre. Je tombe à terre. Je vais y passer. La douleur ne fait quʼaugmenter. Mon ventre me fait de plus en plus mal et mes pleurs ne semblent plus sʼarrêter ; je crois même que je hurle. Et je reste comme ça, a genoux, le visage atterré. Jʼessaye de respirer, de me relever, de me calmer ne serait-ce quʼun peu. Jʼai peur, très peur de celle qui vit en moi, qui me vide, me ronge intérieurement. Malgré tout je ne pleure plus, je ne vais pas mieux, mais je nʼai plus de larmes. Je me relève alors avant que mes yeux ne trouve le moyen dʼen faire couler. Cette histoire reviens sans cesse, je finirai bien par arriver au point de non-retour. Tant de choses ont été disloque petit a petit sans que je mʼen rend compte.
Des sanglots, toujours et encore. Jʼai de plus en plus mal, au mal sʼajoute la panique : jʼai beau me raisonner, me dire que cela sʼarrêtera un jour jʼai malgré tout ce pressentiment que je nʼarrive pas a gérer. Jʼen suis au point ou je doute même que toute cette histoire puisse réellement exister.
Ma vie devint alors un cauchemar, je préférai les ténèbres a la lumière. Jʼavais vécu si longtemps dans ces ténèbres que jʼétais perdue devant la lumière ; être le mal me tourmentait et je me perdais dans le bien ; jʼétais écartelée.
Il me semblait moins compliqué de subir ma vie que de faire de vrais choix pour construire mon existence sur des valeurs.
Je me dépréciais et nʼarrivais pas à voir ce qui existait en moi, j’étais aveuglée, je refusais de mʼaimer et donc dʼaimer les autres.
Jʼavais peur , aussi, de ne pas savoir où je mettais les pieds, moi qui nʼavait connu que la spirale infernale, mʼattirant avec force toujours plus bas.
Mes larmes nʼétaient rien face aux chaines du diable qui mʼenfermant dans la détresse et le désespoir brisaient en moi toute faculté pour réagir contre ces maux, se saisissant même de ma liberté de penser.
Plusieurs personnes me commandaient de me soigner, avant que mon état de santé ne devienne trop critique. Mais il nʼy avait rien a faire, je continuais de mʼautodétruire sans plus rien attendre de la vie. Je ne parvenais pas à me sortir de cette impasse. Mes forces physiques nʼétaient plus les mêmes, je me traînais de fatigue, ne pouvait parfois plus bouger, jʼétais comme paralysée.
Lʼangoisse sʼemparait de tout mon être, dʼabord de mon corps, mon comportement, mon attitude… Elle se manifestait par des gestes vifs et répétés, suscités par le stress et la souffrance. Puis cette angoisse sʼemparait de mes pensées, de mes idées.
Cela avait littéralement blessé mes proches ; jʼai réalisé que les conséquences de mon mal-être aboutissaient à une famille désemparée, impuissante contre ce fléau. Jʼavais tellement honte...
Je laisse derrière moi toute la misère de ce passé écorché vif, sans me retourner, ignorant où tout cela va me mener.