05 Traiter mon TOC : les illusions
31/12/2007
Témoignages > Comorbidité > Mon combat contre les TOC
OCTOBRE 1994
Je vais de plus en plus mal. Je travaille au ralenti au bureau par manque de concentration. Chez moi, je suis très longue aussi pour faire quelque chose. Je vérifie si le linge est bien lavé lorsque je le sors de la machine. Je procède de la même façon avec le lave-vaisselle. Je fixe longtemps le programme des appareils ménagers avant de les mettre en marche comme si un drame pouvait se produire en cas derreur de ma part. Je vois un deuxième psychiatre en privé.
Je ne parle même pas du nombre dentre eux que jai consultés une fois seulement pour avoir un autre avis. Ils ne sont pas déclarés (ils nont pas de plaque ni de feuille de maladie) mais vous font payer cent euros de visite qui na servi â rien !
Devant mon état ? de surmenage ?, il me dit darrêter de travailler un moment. Cest terrible pour moi. Je suis donc placée en premier ? arrêt pour grave maladie ? pendant huit mois avec un demi salaire. Je nai jamais voulu de mi-temps thérapeutique (vous travaillez quatre heures et êtes payé huit). Jai choisi le mi-temps normal plus dans mes principes dépassés dhonnête citoyenne.
Le psychiatre essaie plusieurs traitements par anti-dépresseurs : Déroxat puis Séropram accompagnés danxiolitiques et de somnifères. Il a au moins le mérite de me poser des questions. On parle de mes manies. Il me dit que je souffre de phobies. Javais remarqué !
Un jour ma mère me surprend en train de parler â voix haute pour me rassurer (je faisais linventaire de mon sac). Je lui avoue toutes mes manies et ma peur de perdre la tête. On arrive â la conclusion suivante : une personne qui est folle ne se rend pas compte de ce quelle fait et surtout elle ne souffre pas ! Mais alors quest-ce que jai ?
On en parle au psychiatre qui dit que ce nest pas grave? Ma mère fait une grave dépression pendant six mois. Elle perd trente kilos. Elle est méconnaissable et ne se lève plus. Elle naccepte pas que jarrête de travailler et se demande ce qui marrive. Je culpabilise â tort et cest pour cela que je reprends mon activité professionnelle en juin 1995 jusquen avril1998 où je mécroule définitivement cette fois.
Au cours de ces années, jai continué de vivre comme si de rien nétait au travail. Je me maquillais, jétais toujours impeccable vue de lextérieur. Je riais même avec mes collègues.
Par contre, â lintérieur, cétait un véritable désastre. Tout comme chez moi : je narrivais plus â rien faire. Je préférais conserver mes forces pour mon travail au lycée. Si je faisais une tâche, je devais mallonger ensuite un quart dheure tellement cela me coûtait. Je ne recevais plus personne sauf mes parents quand je le les y autorisais. Ca me faisait autant de mal quâ eux cette situation. Ma porte était toujours fermée â clés maintenant et le téléphone débranché car si jétais interrompue en train de faire quelque chose je devais tout recommencer même la chose la plus insignifiante que vous pouvez imaginer.
On essayait de gérer au mieux car le psy nétait vraiment pas dun grand secours. Il empochait largent des visites et mécouter vider mon âme, perplexe ! Je nécoutais plus de musique et le son de la télé était au minimum. Tout bruit même petit me déconcentrait. Mon supplice était encore accru car jai vécu en appartement puis en maison jumelée.
Beaucoup démissions diffusées actuellement â propos des TOC décrivent parfois le malade comme un tortionnaire vis â vis de son entourage. Je déplore cela car il ne faut pas oublier que la souffrance est omniprésente dans cette maladie. Par contre les proches ne sont pas toujours scotchés au patient. Pour ma part je sais que je nai jamais été méchante ou odieuse avec les autres. Par contre certains lont été avec moi !