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Début précoce de troubles bipolaires et intrication avec les TOC

20/01/2013
Auteur : M Trybou

Cas cliniques > Etude de cas

Leurs TOCS ont commencé plus tôt, ils ne parviennent pas à les soigner. Cela supposerait-il un trouble sous-jascent ?
Voici deux exemples dʼadolescents consultant pour des TOC. Que nous apprennent ces deux exemples ?
  • 1° On constate que leurs TOC ont débuté très tôt, plus tôt que ce montrent les études sur lʼâge classique dʼapparition des TOC. Leurs TOC sont complexes, et les traitements testés ont échoué. Ce sont déjà deux informations qui doivent nous éclairer sur la présence dʼune maladie en plus des TOC et pouvant expliquer lʼapparition précoce des troubles et la résistance aux antidépresseurs

  • 2° On note la présence dʼune cyclothymie non dépistée par les soignants précédents, et cʼest cette cyclothymie qui, conformément aux études (dossier du mois de novembre), explique lʼapparition précoce des TOC, lʼhumeur instable, lʼagressivité et la résistance aux antidépresseurs.

  • Estelle


    Estelle, 12 ans, est décrite par ses parents comme une enfant très mature.

    Des TOC ont été diagnostiqués à lʼâge de 6 ans. A chaque fois quʼune action ne lui paraît pas parfaite, Estelle doit taper des pieds sur le sol, tourner la tête, dire « 1, 2, 3 » et respirer. Cela concerne principalement lʼhabillage le matin et marcher. Elle ne peut ouvrir les volets que quand elle a fini de sʼhabiller, ne peut pas regarder certains objets, a des essuyages de mains (« jʼai des impressions bizarres sur les mains »), bouge les épaules quand on la touche. Elle se retient à lʼécole. Estelle fait beaucoup de TOC le matin, ce qui la met en retard pour aller en cours, et le soir elle compense le fait de ne pas avoir pu en faire à lʼécole.

    A 8 ans, elle a eu un mois et demi de crises de colère sans arrêt, ce qui a motivé la prise de Zoloft par le médecin qui la suivait à lʼépoque. Ses parents la décrivent comme une enfant très bavarde, joyeuse, qui nʼécoute pas, provoque, « tête de mule », déjoue lʼautorité. Selon lʼhumeur, elle tolère ou pas le « non », elle casse des choses, ou quitte la maison. Elle tape et il lui est arrivé de rester une semaine entière dans sa chambre sans sʼhabiller. Elle est capable de piques violentes quand elle est en colère, de faire culpabiliser ses parents, puis elle culpabilise à son tour de leur avoir fait du mal. Depuis lʼâge de 8 ans, elle est agressive, sensible à la critique et au rejet, et a des hauts très souvent et des bas, plus rares, mais très intenses. Ses parents constatent des oscillations perpétuelles, sans intervalle, au sein dʼune même journée.

    Depuis le Zoloft, Estelle a des oscillations plus amples.

    Elle décrit deux types de TOC différents :
  • les TOC « avec anxiété » quʼelle peut maitriser grâce à la thérapie, et qui ont eu une bonne évolution sous Zoloft et Depakine

  • les TOC « volcaniques » quʼelle nʼarrive pas à du tout à gérer, la rendent très violente, sur lesquels la thérapie nʼapporte aucune efficacité, et qui ont complètement disparu dés lʼajout de lʼAbilify.

  • Jonathan


    Jonathan, 17 ans, souffre de TOC depuis lʼâge de 8 ans, avec le besoin de regarder le soleil pour se prouver que cela ne rend pas aveugle, jeter la tête en arrière pour se prouver que cela ne tue pas. Actuellement, Jonathan a le besoin de cracher pour empêcher une contamination dʼentrer dans le corps. Cette contamination serait due aux images de personnes quʼil nʼaime pas et la peur dʼêtre abandonné sʼil devient comme eux. Le rituel exige aussi quʼil pense des gens quʼil aime pour annuler la pensée négative. Si la pensée négative persiste, il doit recracher, et se laver les mains si cracher nʼa pas été suffisant. Jonathan peut aussi crier pour annuler les obsessions. Il a déjà fait une thérapie mais « nʼétait pas prêt » selon sa mère. Si Jonathan est perturbé dans ses rituels, il se met en colère car cela lui fait perdre du temps. Il a peu de TOC au lycée, ceux-ci étant surtout concentré à la maison et autour du coucher (le lit). Zoloft nʼaurait eu aucun effet sur les TOC, Deroxat aurait provoqué de lʼagressivité. Le traitement par Sertraline ne serait pas efficace.

    La combinaison Depakine et Abilify a été la plus efficace, en complément dʼune TCC dans laquelle Jonathan devait maintenir les pensées et contaminer son corps et la maison avec les dites pensées.

    Des Tics de raclement de gorge sont trouvés de 5 à 10 ans.

    Jonathan se décrit comme constamment hyperactif, excité, énergique. Pour sa mère « il est excessivement joyeux au lycée, comme sʼil sur jouait, et à la maison il est grognon. Je ne mʼexplique pas cette arrivée subite de confiance en soi excessive mais je sais quʼil a une peur colossale de perdre ses amis et est très possessif depuis cette peur du rejet à 14 ans ». Cette excitation serait apparue quelques mois après le début des antidépresseurs. Selon Jonathan, cʼest une volonté de sʼintégrer en classe, mais le virage sous antidépresseurs reste à investiguer.

    Un Trouble Cyclothymique est décrit avec hypersensibilité et hyperréactivité émotionnelles, hypersensibilité à la critique et au rejet, oscillations permanentes et brusques de lʼhumeur entre lʼexcitation et lʼagressivité. Jonathan devient agressif au moindre rejet, avec une réactivité accrue avec le temps qui passe. Il est impulsif et colérique avec des oscillations dʼhumeur dans la journée, principalement vers le haut. « Tout le monde à lʼécole le dit hyperactif et ce depuis un an, alors quʼavant il était plutôt excité à la maison et timide à lʼécole, avec la peur dʼavoir honte, des angoisses, des difficultés dʼintégration, quitte à se donner un air car il ne trouvait pas sa place ».

    Aucun élément de dysthymie ou dépression nʼest trouvé. Aucune hospitalisation pour dépression ou tentative de suicide nʼest décrite.

    Lʼarbre généalogique de la famille montre une mère cyclothymique, une tante maternelle ayant une tendance dépressive, une grand mère maternelle cyclothymique (qui aurait fait deux tentatives de suicide et aurait été hospitalisée), un père avec un fort caractère.

    janvier 2013


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