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TOC sensible au lithium

24/07/2012

Cas cliniques > Etude de cas

Lorsque le lithium a aidé à soigner mes TOC, je me suis sentie mieux.
J’ai 32 ans et cela fait 10 ans que je souffre de TOC et que je suis traitée par antidépresseurs. Malgré ce traitement, mes obsessions m’empoisonnent de plus en plus l’existence. En mai 2012, après un bilan psychologique très poussé, il s’est avéré que les TOC n’étaient pas mon seul problème, j’ai également un problème de cyclothymie et d’hypomanies. Une petite dose de lithium a été ainsi ajoutée à mon traitement pour le TOC (zoloft® que j’ai pris depuis des années et repris en septembre 2011) ainsi qu’une thérapie comportementale cognitive.
Ayant déjà essayé pas mal de choses (relaxation, sophrologie, programme sur l’angoisse, la confiance en soi…), j’ai donc accepté de faire ce nouveau travail sur moi. Ce qui m’a aidé au début de cette nouvelle prise en charge, était l’explication en détail de quoi je souffrais et quels étaient les mécanismes de mon cerveau qui faisaient que j’en étais là. Une confiance s’est donc instaurée car j’ai vu que j’étais avec des experts qui savent de quoi ils parlent et cela m’a rassurée.
Au bout de 2 mois avec mon nouveau traitement (400 mg lithium avec juste 50 mg de zoloft, une dose plus faible que d’habitude !), j’ai déjà remarqué de nettes améliorations : mon humeur est plus stable, j’arrive mieux à résister à mes compulsions (« mon cerveau est capable de dire non au TOC sans trop de peine »), je réagis mieux face à certaines épreuves de la vie et je fais des choses que je ne pensais plus pouvoir faire. J’ai notamment accompagné ma fille de 2 ans et demi à une sortie à la ferme et je me suis amusée. Avant je me serais focalisée sur les choses qui paraissaient insurmontables comme le fait qu’il y allait y avoir des excréments un peu partout ou que ma fille allait vouloir caresser les animaux et leur donner à manger alors qu’ils ne sont pas du tout dans mes « critères de propreté ». Et en plus comme elle n’est pas propre, je me serais tracassée en me demandant s’il allait y avoir un endroit pour lui changer la couche ou comment j’allais faire si cette dernière débordait. Tous ces questionnements auraient fait, qu’au final, j’aurais cherché une excuse pour ne pas y aller. Mais là, je me suis empêchée de penser à tout cela et je me suis concentrée sur l’envie que j’avais de vivre un moment privilégié avec ma fille. Je me suis dit : « j’y vais et on verra bien » et j’ai bien fait. Quel bonheur de voir le visage rayonnant de ma petite puce quand elle est monté sur le poney ou quand la chèvre est venue lui manger dans la main. J’ai vraiment aimé partager ces moments avec elle. Même si je n’étais pas 100% à l’aise, je n’ai pas laissé mes pensées me gâcher la journée.
Je n’en suis qu’au début de ma thérapie mais je trouve cela très encourageant. Mes « tâches » actuelles consistent à « contaminer » ma maison avec des objets que je considère comme « souillés ». Je sais que cela ne va pas forcément être facile mais j’ai vraiment envie de donner une grande claque à mes TOC et pourquoi pas carrément leur dire au revoir.

Commentaire CTAH


Il s’agit d’un TOC de contamination et de vérification. Les premiers symptômes étaient déjà présents dans l’enfance avec le besoin de vérifier sous le lit et regarder si la maison est bien fermée. A 22 ans, survenue des besoins incessants de nettoyer à cause d’une verrue, « de peur d’en avoir partout, qu’elle se multiplie. Puis ça a été la peur du sida, les traces rouges, les seringues, avec beaucoup de lavages, de vérifications, de réassurances. On relate aussi la peur d’écrire des choses compromettantes. Un traitement (Zoloft®) a été instauré à l’époque avec un bon effet. Les TOC sont revenus après l’achat de la maison, la préparation au mariage et l’arrêt des médicaments. Puis il y a eu la grossesse et l’allaitement, tout cela sans traitement. Reprise du traitement en septembre 2011. Depuis cette date, ce sont des TOC centrés sur la naissance de la fille : peur de toute maladie que son enfant pourrait avoir par contact avec peur des excréments et urine de sa fille. Donc beaucoup d’évitements, de lavages (mains, vêtements, voiture), douches répétées.., vérifications excessives dans la rue.
Le bilan psychométrique a mis en évidence des scores élevés sur la cyclothymie (16/21) et la check-list d’hypomanie (17/20) – avec une dimension d’intensité émotionnelle importante. La présence des ces critères en plus du mode évolutif type épisodique du TOC et de l’aggravation des TOC en post-partum (avec résistance au Zoloft®), a incité la prescription du lithium à petite dose en réduisant la dose du Zoloft à 50 mg.
En général, le TOC ne répond pas au sel du lithium. Une amélioration rapide du TOC avec le lithium représente un argument supplémentaire en faveur de la nature bipolaire cyclothymique du TOC – un diagnostic qui reste malheureusement peu connu en France !

juillet 2012