Association CTAH-Recherche

Le dossier du moisAoût 2011

Addictions et spectre bipolaire

La cyclothymie mʼa fait tomber dans lʼaddiction : boulimie, alcool, cannabis, achats, sexe, internet,...

L'edito

par M trybou

Addictions et spectre bipolaire

Amy Winehouse est décédée ces derniers jours. On ne sait pas pour le moment ce qui aura eu raison dʼelle. Overdose ? Arrêt cardiaque ? Suicide. Celle qui avait su emporter les foules avec sa voix sublime était pourchassée par la presse depuis plusieurs années pour ses addictions aux drogues.

Cela faisait quelques mois que nous souhaitions aborder cette question des addictions et de la toxicomanie, étant amenés à rencontrer de nombreux patients bipolaires concernés par la question. Ils viennent nous voir pour une addiction à lʼalcool, à la cocaïne, au sexe ou aux achats compulsifs. Tel ado ne décroche plus de son ordinateur, telle femme a dépensé un argent colossal dans des vêtements quʼelle va devoir rapporter en magasin car elle nʼa pas lʼargent pour. Ils sont en mauvais état, culpabilisés, et souvent ont déjà multiplié les tentatives de suicide et les cures de désintoxication. Jusquʼà ce que lʼon diagnostique enfin un trouble bipolaire expliquant les errances et la souffrance.

Entre la dépression que lʼon va désespérément tenter de calmer en prenant de lʼalcool ou de la cocaïne, lʼanxiété et les pensées assourdissantes que lʼon va étouffer dans le cannabis, et de lʼautre côté les phases dʼexcitation qui vont être provoquées ou maintenues elles aussi par des prises de toxiques, les patients bipolaires et cyclothymiques sont extrêmement concernés par les toxicomanies.

Lʼhistoire ne dira pas si Amy Winehouse était bipolaire, si elle était suivie pour cela. Une partie des spectateurs se sont dits, samedi soir, « oh la pauvre, paix à son âme ! » et une autre partie « cʼest le mode de vie quʼelle avait choisi, on ne la plaindra pas ». Nous souhaitons aux seconds de se pencher sur la question avant de juger à lʼemporte pièce.

Un gros travail reste encore à faire sur la reconnaissance des addictions comme pathologie mentale, et encore plus comme pathologique mentale à investiguer systématiquement chez les patients bipolaires.