Association CTAH-Recherche

Le dossier du moisMai 2013

Au-delà des symptômes : le fardeau des difficultés cognitives

A quel point souffrez-vous des difficultés de mémoire, dʼattention, de concentration ? Quels sont les impacts sur votre vie professionnelle ?

L'edito

par Dr Hantouche

Bipolarité et troubles cognitifs

On en parle de plus en plus des déficits ou dysfonctions cognitives au sein des troubles bipolaires. Globalement, les patients bipolaires ont un fonctionnement intellectuel comparable à celui des sujets sains. Cependant, on observe des performances perturbées sur certains tests cognitifs, notamment des dérèglements de lʼattention sélective et soutenue, de la mémoire de travail, des fonctions exécutives (planification, catégorisation, inhibition…). Les capacités dʼapprentissage sont nettement affectées dans les formes juvéniles.



Le dossier actuel fera le point sur ce sujet complexe, en insistant de plus près sur les implications de cette recherche dans la pratique, notamment le rôle des altérations cognitives dans la prédiction du pronostic fonctionnel des patients bipolaires. En effet, un pourcentage important de patients obtient une bonne rémission clinique mais qui nʼest pas forcément assortie dʼune rémission fonctionnelle (troubles dʼapprentissage, difficultés dʼinsertion sociale et/ou professionnelle…). On comprend ainsi lʼimportance dʼinclure dans les projets de soins, des stratégies dites de « remédiation cognitive » et plus récemment « remédiation fonctionnelle » appliquées aux troubles bipolaires.

Nous attirons lʼattention sur le fait que la majorité de la recherche est réalisée dans le trouble bipolaire type I, et plus rarement dans le trouble BP-II. Peu de choses sont connues sur les altérations cognitives dans la cyclothymie et les autres formes du spectre bipolaire.

En raison de la complexité de ce dossier, il sera présenté en deux parties, la deuxième faisant lʼobjet du dossier de juin 2013.

La tribune

par Dr Hantouche

Troubles cognitifs et bipolaires : quelles implications ?

On en parle de plus en plus des déficits ou dysfonctions cognitives au sein des troubles bipolaires. Cet intérêt pour la recherche cognitive au sein de la bipolarité est déterminé par la mise en évidence de dysfonctions au cours des épisodes (maniaques et dépressifs) et surtout en phases de rémission clinique [Quraishi and Frangou, 2002]. Dʼautres résultats issus de la recherche chez des proches « non malades » de premier degré de patients bipolaires qui montrent des altérations cognitives [Glahn et al. 2010; Arts et al. 2008] – ce qui renforce lʼidée que la cognition peut renseigner sur les mécanismes biologiques liés à la génétique dʼune part et sur lʼexpression clinique de la bipolarité dʼautre part.

Plus récemment, la recherche sʼest focalisée sur le rôle des altérations cognitives dans la prédiction du pronostic fonctionnel des patients BP [Wingo et al. 2009]. Un pourcentage important de patients obtient une bonne rémission clinique mais pas de rémission fonctionnelle (difficultés dʼinsertion sociale, dans la vie professionnelle…).
Dans cette tribune, nous discuterons la place des dysfonctions cognitives dans 3 phases : pré-morbide (avant lʼéclosion des manifestations cliniques), post-morbide (après le déclenchement du trouble BP) et comme un facteur déterminant lʼévolution au long cours du fonctionnement psychosocial. Dʼoù lʼimportance des stratégies de la remédiation cognitive et fonctionnelle qui ont pour objectif de tenir compte des perturbations cognitives impliquées dans les difficultés de fonctionnement et dʼaméliorer la qualité de vie des patients et leur fonctionnement global.
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